Falun, la mine de cuivre
Visite ce matin de la « Montagne de Cuivre », une
vaste mine très ancienne, exploitée jusqu’en 1992, et inscrite au patrimoine
mondial de l’Unesco depuis 2001.
Ce qui frappe dès l’arrivée, c’est cette immense
fosse béante, de 100 mètres de profondeur et de 3 ou 400 mètres de large.
Ce
trou est dû à un énorme éboulement survenu au 17ème siècle :
les galeries étaient à cette époque creusées dans des cavités voisines, les
unes sur les autres, ce qui finissait par affiner tellement les parois que tout
s’effondrait. Une chance que ce jour-là personne n’y travaillait.
Bien chaussés et bien couverts - 🎶
heigh-ho, heigh-ho🎵
– on est donc est descendus à la mine, sans pioche ni lanterne, mais bien
équipés quand même avec une belle cape imperméable et un casque !
La tenue devrait faire des envieux... |
Beaucoup de marches à descendre (mais un ascenseur pour
remonter !), et la visite de déroule dans des galeries dont certaines
boiseries de plancher et murs datent du 18ème siècle. Elles se
resserrent par moments en des boyaux très étroits (pas facile pour les grands
suédois, mais ok pour les petits français, il y a une justice quand même). Ne nous plaignons pas, car au 18ème siècle, il fallait parfois ramper...
On a visité quelques fosses, certaines immenses, et toutes
avec un petit nom. Par exemple, la fosse du cadeau de Noël est ainsi appelée
car un très bon filon y avait été découvert. Ils y mettent un sapin chaque Noël...
... qui reste vert jusqu'au Noël suivant, en raison de particularités chimiques que je ne me hasarderai pas à traduire en français... Mais tout se conserve tellement bien qu'une dame de 80 ans a reconnu son fiancé qui avait disparu dans la mine 60 ans avant et qu'on a retrouvé par hasard... dans la fosse du cadeau de Noël ! C'est pas drôle, mais bon...
La technique s’est améliorée au fil des siècles, avec des
parois consolidées par des gros rondins de bois.
Pour rendre la roche plus
friable, ils allumaient des brasiers tout contre, ce qui facilitait le
piochage.
A l’extérieur, les installations du 19ème
siècle ont été préservées : une énorme roue à eau en bois (en service jusqu’en 1916)…
...qui, par un système de biellettes (ça « on » me
l’a dit…), enroulait un câble qui remontait le minerai, ou les hommes dans des baquets plus grands.
Petit
intermède historique
Le début (connu) de l’activité de cette mine
remonterait au 7ème siècle. Vers les 13ème – 14ème
siècles la mine était une copropriété des grands royaumes et de l’église, et
était exploitée à l’échelle industrielle. Par moments, la production de cuivre
de cette mine a représenté les deux tiers du marché mondial et la plus grosse
concentration industrielle de la Suède. Plus d’un millier d’ouvriers y étaient
alors employés.
Puis, vint un déclin, et en 1533 le roi
Gustav Vasa, qui avait un grand besoin d’argent pour financer ses guerres, leva d’énormes taxes, confisqua les biens de l’église (il considérait que le
Pape à Rome avait trop de pouvoir et s’était déclaré lui-même chef de l’église),
et prit possession de la mine de cuivre manu militari, au prix de quelques exécutions
ou emprisonnements de mineurs considérés comme rebelles. Il remplaça l’organisation
des guildes de mineurs pourtant très puissantes avant cela par une charte
royale. De nouvelles technologies furent introduites qui firent grimper la
production.
Inutile de préciser que le travail était très dur car la
plupart des tâches faisait appel à la force humaine. Il fallait un mois à un
ouvrier pour piocher un m3 de minerai et dans le meilleur des cas,
il contenait 3% de cuivre.
Mais cela en valait la peine : au 19èmesiècle les ouvriers étaient logés, gagnaient plutôt bien leur vie comparé aux conditions de travail dans les autres usines ou comme fermiers, étaient pris en charge avec leur famille quand ils étaient blessés ou malades, et des écoles étaient construites pour leurs enfants. Ils ne subissaient pas le rude climat au dehors en travaillant sous terre toute la journée. Un syndicat des mineurs fut créé en 1897 qui négocia salaires et aménagement des conditions de travail au 20ème siècle.
Mais cela en valait la peine : au 19èmesiècle les ouvriers étaient logés, gagnaient plutôt bien leur vie comparé aux conditions de travail dans les autres usines ou comme fermiers, étaient pris en charge avec leur famille quand ils étaient blessés ou malades, et des écoles étaient construites pour leurs enfants. Ils ne subissaient pas le rude climat au dehors en travaillant sous terre toute la journée. Un syndicat des mineurs fut créé en 1897 qui négocia salaires et aménagement des conditions de travail au 20ème siècle.
La mine appartient depuis environ 20 ans à une fondation co-gérée
par la municipalité de Falun.
Parenthèse BTP
(je ne savais
pas où caser cette importante question qui me trottait dans la tête depuis le
premier jour en Norvège… et la réponse est enfin venue avec la visite de cette
mine…)
Pourquoi la couleur dominante
des peintures des maisons en Norvège et en Suède est-elle sang de bœuf (ou plutôt sang de renne ici...) ? Il s’agit d’une peinture
fabriquée à partir du minerai extrait de cette mine, pauvre en cuivre mais
riche en ocre rouge et silice, qui après un traitement spécifique, produit des
pigments de couleur rouge qui sont broyés en poudre très fine et sont utilisés
pour fabriquer cette peinture marron-rouge pour les maisons. Cette peinture
n'est pas absorbée par le bois, elle peut donc respirer, absorber et évacuer
l'eau tout en protégeant le bois. Bon, s'ils le disent...
Et j’ai posé une question intelligente (si si ! Dixit le guide…)
sur les stocks de roche, vu que la mine n’est plus exploitée : il paraît
qu’ils ont une cinquantaine d’années de stocks d’avance, et que s’ils en
viennent à bout, eh bien pourquoi pas remettre la mine en exploitation… C’est
simple en somme.
Et ça va
beaucoup mieux maintenant que je sais et que j’ai vu les terrils de roches
concassées…
Bien que n'ayant pas séjourné dans la mine, je présume que la dame de 80 ans était bien conservée également.
RépondreSupprimerL
En tout cas suffisamment pour se rappeler de son fiancé. Mais vu qu'il avait disparu 2 semaines avant le mariage, c'est pas non plus très difficile à se rappeler...
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